Les motions socialistes : un commentaire interessant.

Publié le par luc

Envoyé par Luc

"Aucun candidat ne peut être une solution" (Libération)

 Vincent Peillon a répondu ce mardi aux questions de David Revault d'Allones pour le quotidien Libération.

"Libération" : Après Martine Aubry, Benoît Hamon et Bertrand Delanoë, c’est Ségolène Royal qui, initialement, devait s’exprimer dans Libération. Vous la remplacez au pied levé. Un signe que vous pourriez être candidat au poste de premier secrétaire ?

Vincent Peillon : Nous avons fait le choix collectif de ne pas transformer ce congrès en querelle de personnes, et Ségolène Royal a fait preuve de responsabilité dans l’intérêt de la gauche. Nous souhaitons mettre en avant une équipe et une orientation, et surtout que l’on ne nous dérobe pas le débat de fond.

Pourriez-vous être le capitaine de cette équipe ?

Les socialistes ne sont pas des grenouilles qui demandent un roi, ou une reine. Aucun candidat ne peut être un préalable ou une solution. Ce qui est essentiel, c’est la construction d’une majorité sur une orientation. Et c’est cette majorité qui choisira celui ou celle qui est le plus à même de conduire les changements nécessaires.

L’irruption de la crise financière n’a-t-elle pas pris de court le PS ?

Il n’est pas très mature d’instrumentaliser la crise dans le congrès, sur le mode : “J’ai dit avant toi que le capitalisme était méchant…” Je conteste d’ailleurs l’idée que cette crise soit absente des motions : les premières lignes de la nôtre portent sur le nouveau Bretton Woods et la lutte contre les paradis fiscaux ! Nous, nous n’avons pas changé.

Nicolas Sarkozy, lui, a changé avec la crise. En se convertissant à la réhabilitation de la puissance publique, il occupe votre terrain…

Nicolas Sarkozy pratique en permanence le grand écart entre les discours et les actes. Il mène une offensive sans précédent contre le pacte républicain et social, attaque les services publics, s’en prend à l’école, augmente les inégalités, pratique le révisionnisme historique, déconstruit le droit social. C’est pour cela que nous devons être en ordre de marche. Quand lui joue sur l’émotionnel, l’immédiateté, la désignation d’ennemis, nous devons faire appel à d’autres ressources : la fraternité, la raison, la cohérence.

La ligne sociale-démocrate est-elle «périmée», comme l’affirme Royal ?

Pour parler comme Obama, rien ne sera plus comme avant. Le socialisme doit tenir compte de la société telle qu’elle est, et non adopter un modèle ancien pour se refonder. Ségolène Royal a raison : nous avons à inventer le socialisme du XXIe siècle.

Sur quelles bases ?

Il s’agit d’abord, dans la continuité de la campagne présidentielle, de définir un nouveau modèle de développement, alliant développement durable, économique et social. Nous ambitionnons aussi une refondation républicaine, qui place l’égalité entre revenus, entre territoires, entre générations, au coeur de nos politiques publiques. Enfin, nous portons l’exigence de démocratie jusqu’au bout, démocratique, mais aussi sociale et locale : c’est la VIe République.

Vous n’êtes pourtant pas les seuls à prôner la rénovation du PS…

Nous, nous proposons une autre conception. Celle d’un parti de masse, engagé dans les luttes, ouvert sur la société. Nous ne croyons pas qu’il soit heureux d’avoir perdu près de la moitié de nos adhérents en un an, ni judicieux de faire siffler les nouveaux adhérents. Nous, nous portons avec davantage de radicalité, de constance et donc de crédibilité, l’exigence d’un changement profond.

Le PS est-il sensible à ces propositions ?

Je constate que sur beaucoup de sujets, ce qui était raillé hier est rallié aujourd’hui. Les militants ne veulent ni du statu quo, ni d’un rassemblement clair obscur destiné à réinstaller les mêmes. Ils veulent un projet moderne et offensif, un parti qui se transforme, plus efficace et plus respectueux, des équipes qui se renouvellent. Reims doit ouvrir une nouvelle page dans l’histoire du socialisme français.

Cette campagne de congrès est-elle une bonne campagne ?

Le congrès a fini par prendre une certaine hauteur. Il avait pourtant plutôt mal commencé : certains, en contradiction avec les textes, voulaient à tout prix diaboliser notre position sur les alliances. Or personne, parmi nous, ne prône d’alliance avec la droite ou le centre ! Ces accusations sont dérisoires. Surtout si l’on regarde les pratiques de certains de leurs auteurs, notamment aux municipales. Un parti le plus fort possible, le rassemblement à gauche, la main tendue à tous ceux qui veulent battre la droite !

Hollande en appelle à la «discipline», et Delanoë à l’«autorité»…

On a déjà donné. Toute autorité doit être fondée sur une autorité morale, intellectuelle et politique. Elle ne peut être un appel au caporalisme. Par ailleurs, pour exiger la discipline, il faut être soi-même irréprochable.

Avec quelle autre motion pouvez-vous faire alliance ?

Si aucune motion n’a la majorité absolue, il n’y a rien de honteux à construire une majorité au PS. C’est notre devoir et notre responsabilité. J’ajoute même qu’il faut qu’elle soit large, car le travail qui nous attend est considérable. Nous, nous chercherons tous les moyens de rassembler, sans préalable, sans exclusive, sans sectarisme, mais sur une ligne claire : celle du changement. Pour que Reims soit un grand congrès.

Propos recueillis par DAVID REVAULT D’ALLONNES

 

Publié dans La rénovation du PS

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